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Le Cloutier

dimanche 30 janvier 2005, par Mireille

Assembler et maintenir solidement ont toujours été le souci des artisans. Quel progrès de passer de la liane retenant différents madriers aux chevilles et aux clous pour maintenir les planches !

Le langage populaire dit bien "planter son clou" pour s’établir durant un long moment ou "river son clou à quelqu"un " : le faire taire par une réponse appropriée, c’est-à-dire le clouer sur place, ne pouvant plus, de fait continuer sa conversation et "un clou chasse l’autre" : un nouveau souci fait oublier les précédents.

Le clou n’a pas laissé indifférent car il était indispensable à la vie et long à réaliser. Le cloutier ne fait que des clous. Le clou a une valeur symbolique depuis l’Antiquité. Jupiter recevait des clous en offrande !

Les cloutiers descendent des "attachiers" spécialisés dans la fabrication des petits clous à tête décorée. Ils étaient soumis au même impôt que les maréchaux.

Le cloutier suivait plus que tout autre les plus anciennnes coutumes du compagnonnage. Lors des grandes cérémonies, il portait une culotte courte et un chapeau monté. Il avait les cheveux longs et tressés. A la mort d’un de ses compagnons, il ôtait son chapeau et dénouait ses tresses. Une forte solidarité liait les compagnons cloutiers entre eux. Malgré un labeur acharné et mal payé, les cloutiers étaient connus pour leur jovialité. Son métier est solitaire, il a souvent pour seul compagnon le chien qui entraîne la roue qui actionne le soufflet.

Les clous servent à de nombreux usages allant des clous à bateaux aux clous à plafonner et à latter des maçons et platriers, les clous à penture, à crochet, à river, à parquet. Le cordonnier pour ferrer les chaussures se sert de clous caboches ; il y a les semences, les broquettes embouties, à l’anglaise, les clous faits à l’emporte-pièce, les clous à chevaux, les clous de tapissier, les clous fendus. Les couvreurs se servent de clous en zinc, les coins à ardoises. Les cavaliers sont des clous en U. Les tapissiers se servent de clous en laiton ou en cuivre. L’énumération n’a pas de fin . IL y a aussi les pointes à vitre et surtout les clous à planche.

Les outils du cloutier ne changent pas du Moyen-Age au XIXe siècle. Il se sert de l’étape, petite enclume de forme ovale sur laquelle il martèle et redresse la tige de fer qui deviendra clou. Il aiguise son clou. La tranche lui permet de séparer le clou de la tige de fer. La table, grâce à une perforation, lui permet d’y introduire le clou afin d’en modeler la tête à l’aide de l’estampe, frappée avec son marteau carré et sans panne. Ses tenailles lui permettent de le façonner.

Par le choix de leur emplacement, le cloutage des planches servant à faire des portes a donné des formes géométriques du plus bel effet. Certaines têtes de clous se terminent en rosace.

Sources :
 Gestes et oeuvres des artisans
R. Humbert (Denoêl)
 Nos ancêtres - vie et métiers n° 1