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Le Charron

vendredi 27 août 2004, par Mireille

De tout temps on a voulu se déplacer le plus rapidement possible en transportant de lourdes charges. Les besoins de la guerre motivaient les mêmes obligations. Même les rois fainéants se déplaçaient dans de lourds chariots tirés par des bœufs. Mais leurs roues étaient pleines.

Quels progrès lorsque le charron sût faire des roues à moyeu à la fois plus légères et plus résistantes.

Les forgerons ne reçurent les charrons dans le compagnonnage qu’en 1706 et à la condition expresse qu’ils s’inclineraient devant leurs aînés et qu’ils attacheraient leurs couleurs à la dernière boutonnière de l’habit. Les charrons promirent tout ce que l’on voulut ; mais à peine reçus compagnons ils s’émancipèrent et voulurent nouer leur rubans aussi haut que leurs pères, entraînant des querelles entre les 2 professions.

Le chef d’œuvre de réception à la maîtrise de compagnonnage consistant dans l’ajustage d’une roue ou le montage d’une voiture, leur patronne est Ste Catherine, martyre dont l’emblème est une roue. Les bois qu’emploie le charron sont des bois très résistants : - l’orme pour les moyeux et les jantes - le chêne pour les rayons des roues - le frêne pour les brancards L’établi est remplacé par le mouillet, lourd châssis de bois sur pied dans lequel est placé le moyeu afin qu’on y place les mortaises. La selle ou trépied est un billot de bois avec un axe de fer en son centre pour recevoir la roue en cours de façonnage. Le jantier est un étau permettant de regrouper les jantes pour y percer les mortaises.

Le Charron

Le charron se sert de calibres pour définir le profil et la taille des pièces à réaliser. Ses outils à tracer sont nombreux : compas droits, compas d’épaisseur, règles et équerres. Le temple est le calibre indiquant l’emplacement de la mortaise dans la jante et la jumeraute celui à tracer les jantes. Si l’essieu est tourné, son axe évidé est préparé à l’aide de l’amorçoir puis agrandi à l’aide de tarières et de tarauds, longues lames tranchantes dont le profil de coupe est semi-circulaire. Les autres outils, scies, haches, gouges ... sont semblables à ceux des charpentiers et des menuisiers. Les rayons sont calés dans les mortaises grâce à la masse.

Lorsque l’assemblage des différentes parties en bois de la roue est terminé, on passe à l’opération la plus délicate : celle du cerclage. En effet, pour maintenir toutes ces pièces de bois solidement assemblées et résistantes aux charges et aux trépidations des trajets, il faut enserrer la roue dans un bandage de fer, mis rouge sur le bois. En refroidissant, le diamètre du fer rétrécit resserrant toutes les pièces de bois entre elles. Les charrons ont été indispensables à l’agriculteur. Ils ont, par leur travail, réalisé tombereaux, charrettes pour le transport des récoltes, et aussi des brouettes (dont bien des corps de métiers se sont servis, du maçon qu jardinier, de la lavandière au bagagiste). Ils ont également réalisé des civières à une seule roue ayant 16 rais pour le transport des porcs abattus ainsi que des binards : chariots très bas et particulièrement résistants pour le transports des pierres venant des carrières.

L’évolution de leur métier a été la même que celle des maréchaux-ferrants.

Une chanson de charron :

Le métier de charron

C’est un métier bien drôle

En faisant des voitures

En coulant l’herminette

Les pieds sur le chantier...

Ou encore,

Quant le charron fait la roue

Tic-tac avec l’herminette

Du rayon au bouton

Il regarde si le tour est bon


Sources : Gestes et œuvres des artisans par R.Humbert