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Le Bourrelier

dimanche 30 janvier 2005, par Mireille

Le bourrelier joua pendant plus d’un millénaire un rôle primordial au service de l’agriculture. Grâce à son savoir naquit l’attelage, permettant de capter toute la force de la bête de trait venant de son poitrail et de son encoulure. Les progrès, de la sorte, furent considérables pour l’agriculture : labours plus profonds, charges plus lourdes transportées à moindre effort.

C’est en 1268 que la corportation fut définie par rapport au sellier, métier urbain. Elle réalisait des colliers de chevaux et dossières de selles et toutes sortes de bourrellerie appartenant à la charreterie, faite de cuir de vache et de cheval.

S’il travaille le cuir, le bourrelier est également amené à façonner le crin, la paille, la laine pour le rembourrage des colliers et selles ; il emploie le bois pour la forme de ses colliers, il le cloute, le peint, le vernit. La diversité des cuirs employés est donc très grande. Il commence par le traçage du cuir, puis le taille et l’assemble. Il se sert d’un étau de bois, sa pince à coudre coincée entre les deux jambes. Travaillant assis, il a ainsi les mains libres. La forme à collier lui permet de monter son collier à la dimension exacte de l’encolure du cheval. Elle est faite de 2 grandes pièces de bois de 1 m 50 de haut et légèrement coniques séparées par une cale ou un pas de vis.

bourrelier

Il possède tout un ensemble de couteaux, à main, à pied, de serpettes pour découper le cuir. Il a aussi des couteaux à pointe renversée ou rabattue. Pour les pièces nécessitant une grande précision, il se sert du couteau mécanique, lame tranchante coulissant sur une règle graduée. Le couteau à parer découpe le cuir à l’épaisseur voulue. La gamme de ciseaux est aussi très variée.

Le traçage s’effectue à l’aide d’un compas à pointe coulissante. Le compas à rainette marque les lignes.

Les piqûres sont préalablement situées avec la griffe et les trous sont exécutés à la pince emporte-pièce. Les pinces à tendre maintiennent le cuir pour le coudre ou le clouer.

Pour remplir le collier de paille afin de lui donner son volume définitif, le bourrelier prend son rembourroir, long fer aplani pouvant atteindre plus d’un mètre. Il coud grâce aux alènes droites ou courbes. La drille permet d’agrandir le trou de l’alène à brider pour le passage de la lanière de cuir. Le travail se termine avec le couteau à surtailler et l’abat carré assouplit les angles du cuir.

Ses marteaux sont aussi très nombreux du plus fin au plus lourd.

Il travaille en boutique, et c’est le lieu de rencontre de bien des agriculteurs, le jour de marché ; chacun y appportant une pièce à réparer ou passant commande pour un collier ou un harnachement. Plus l’agriculteur eut de chevaux, plus la profession fut prospère. C’est également vrai dans l’autre sens. Et les boutiques de bourrelier fermèrent les unes après les autres entre le deux guerres.

Sources : Gestes et oeuvres des artisans - R. Humbert (Denoêl)