Accueil > L’histoire > La peste dans le Dauphiné
La peste dans le Dauphiné
samedi 28 août 2004, par
La progression de la maladie
dans le Dauphine
Venue d’Asie, favorisée par la disette (engendrée par une succession de mauvaises
récoltes), l’épidémie de Peste Noire qui est apparu au milieu du XIVe siècle
en Europe (à Marseille en 1348) est un événement sans précédent. C’est pourquoi
on l’appela LA GRANDE PESTE.
Cette peste franchit les montagnes ou est apportée par les navires marchands
: la Savoie, la Provence, le Dauphiné, la Bourgogne, le Languedoc sont contaminés.
60% de la population du Grésivaudan meurt de la peste (il faudra attendre le
18e siècle pour retrouver la population d’avant ce drame). D’autres épidémies
de peste se produiront, comme en 1580 (l’ordre fut alors donné de tuer tous
les petits animaux, jusqu’aux porcs compris , puis en 1628... Une maladrerie
(hôpital pour lépreux et pestiférés) sera construite près du Corbone pour les
trois paroisses soeurs (probablement sous l’actuel CES de St-Ismier). A cette
époque, Montbonnot est considéré comme beaucoup moins atteint et beaucoup plus
sain que Grenoble (moins de brouillards). On sait maintenant que le bacille
responsable de la peste (découvert par Yersin en 1898), apporté par la puce
du rat noir, peut se propager aussi par la salive et se développe surtout pendant
les étés chauds et humides
La peste a déjà frappé dans l’Antiquité et au Moyen age ; sans compter les
épidémies de lèpre mais par son ampleur et sa répétition, la Grande Peste resta
l’épreuve la plus terrible qu’ait traversée l’Occident à cette époque.
Un tiers de la population est décimée. L’épidémie frappe surtout les zones
urbaines, les armées, les monastères ; le concentration de population est un
terrain favorable à sa propagation ? Les populations les plus pauvres sont particulièrement
touchées.
L’épidémie devenue endémique, se manifeste jusqu’au XVIIIe siècle ; la dernière
grande manifestation de la Peste noire date de 1720/1722.
Les soins prodigués
- Les Hôpitaux
Pour soigner ces malades, les médecins de l’époque, portaient une " habit
contre la mort " : il se composait d’un masque en forme de tête d’oiseau avec
un bec dans lequel se trouvaient des herbes aromatiques et des parfums (cannelle,
noix de muscade, ambre, musc, aloès camphre, myrrhe, encens ...) pour se prémunir
notamment de la forme la plus violente de la peste , la peste pulmonaire, dont
la contamination se faisait par la respiration.
Mais les remêdes humains paraissent bien inutiles. C’est le froid de
l’hiver qui, bien souvent a raison de la maladie.
La médiocrité des ressources économiques n’a fait qu’aggraver les effets de
la guerre et des épidémies qui affectent Grenoble aux XIV et XVe siècles. Pas
moins de trois hôpitaux sont crées à cette époque Le plus ancien (1325) placé
sous l’invocation de Saint Jacques dont la rue du pont st Jaime rappelle le
souvenir, est dû aux libéralités d’un riche particulier de l’entourage du dauphin,
Jacques de Die. Mais ni l’hôpital Notre Dame fondé par l’évêque en 1424 à l’entrée
de la rue Chenoise, ni celui de l’île (ou Infez ou "infests " fondé en
pleine épidémie de peste (1485) n’ont laisse de trace (c’est cependant à l’emplacement
du dernier que s’étend l’actuel cimetière de Grenoble qui porte le nom de Saint
Roch)
Mais bien souvent, le seul remède était de "s’enfuir vite, aller loin,
revenir tard ! " comme le recommande Augier Ferrier dans son ouvrage " Les remèdes
préventifs et curatifs de la peste " La maladie n’est clairement identifiée
qu’après quelques hésitations. Jamais le terme de peste n’est employé dans les
comptes - rendus. Sauf une fois, dans le registre paroissial des décès. On parle
plutôt de contagion, de maladie contagieuse, d’infection
En ce début d’été 1629, la peste rode dans le Dauphiné. Sur le conseil des
commis de la santé, on tente de désinfecter les lieux fréquentés par les malades
: leurs meubles sont lessivés à la chaux, leurs maisons sont parfumées par la
combustion de thym et de plantes aromatiques. Leurs vêtements sont brûlés.
La religion
Pour les esprits de l’époque, l’explication ne peut-être que divine Au XIVième
les juifs sont chassés du royaume de France, le Dauphiné les accueille. Leur
prospérité et leur habileté dérangent, et déclenchent la jalousie. En 1348,
le Peste ravage la cité, les juifs sont accusés et menés au bûcher...
A Grenoble, ils sont arrêtés, emprisonnés dans le château de Montbonnot, spoliés
et sans doute brûlés.
La peste sévit à nouveau et les guerres de religions affaiblissent considérablement
la cité
Le recours aux Saints n’étaient pas vains, en particulier auprès de Saint
Sébastien (le saint anti-pesteux par excellence) :
O bienheureux Saint Sébastien en tout temps vous avez moyen de nous donner
votre secours afin de prolonger nos jours. Vous devez tous nous consoler et
de tout mal nous préserver si ce mal si contagieux vient nous attaquer en ces
lieux ... Gardez nous, martyr si puissant, et éloignez de nous la maladie si répugnante,
la maladie qui détruit sans pitié et sans parade .
Ces recours à l’intervention des saints ont lieu ; saint Roch, mort en 1327,
qui de son vivant combat la peste dans les États de l’Église et diverses cités
de la Haute Italie, est particulièrement invoqué.
Sources :
Grenoble, traces d’histoire, éditions le Dauphiné Collection " les patrimoines "
Revue " nos ancêtres " n° 9
http://membres.lycos.fr/grenoble2000/hist/hist.html