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La légende de St Outrille

vendredi 4 mars 2005, par Mireille

Une partie de ma famille étant originaire du Berry, je me suis penchée (légèrement !) sur l’histoire de cette région. Et, j’ai découvert, entre autres, cette légende que je viens vous raconter : (auparavant, il faut savoir que le clocher de la petite église de Saint Outrille est l’un des 17 clochers "tordus" que l’on trouve en France)

Au XIIe siècle vivait à Nundray une famille d’artisans du nom de Malterre. Elle habitait, dit-on, la maison située à l’angle de la route d’Orville dont la porte est surmontée d’une plaque de grès sculptée d’une croix dans un soleil. Les Malterre avaient un fils aîné, Phallier, grand et beau garçon qui fréquentait une jeune voisine fort gracieuse, et aussi de bonne famille, Mathilde.

C’était l’époque des Croisades. Des moines passaient dans les bourgs pour prêcher le départ en Terre Sainte. Le seigneur de Graçay partit, entraînant à sa suite nombre de courageux jeunes gens, dont Phallier.

Avant de se séparer, Phallier et Mathilde se jurèrent fidélité, promettant de s’épouser au retour. Mais, Phallier parti, la belle Mathilde oublia un peu trop vite son serment et son fiancé et elle fut bien accueillante pour tous les galants du voisinage.

Au bout de deux ans, Phallier revint de Terre Sainte. Les rudesses de l’expédition l’avaient aguerri ; c’était un homme de fière prestance sur son destrier. Et Mathilde pensa que, somme toute, il avait une autre allure que tous ces godelureaux qui lui tournaient autour et qui étaient tout juste bons à courtiser les filles. Phallier l’aimait encore,voulait encore l’épouser. Eh ! bien, marions nous !

Toute la famille, tous les habitants de Nundray furent conviés. L’église était à peine asez grande pour contenir tout le monde. Soudain au milieu de la cérémonie, s’éleva un énorme souffle d’ouragan, et devant les assistants terrifiés, une grande flamme jaillit du sol aux pieds de Mathilde et monta dans les airs, emportant la mariée dans un tourbillon si fort que le clocher en fut tout tordu ! Les invités, muets de stupeur, se dispersèrent peu à peu. Phallier resta seul. Il revêtit la robe de bure, se construisit une petite cabane à quelques centaines de mètres de là, au lieu nommé depuis gué de Saint Phallier où il finit pieusement ses jours.

Une autre rumeur, plus gaillarde, circule encore pour expliquer le mystère du clocher tordu. Un jour Satan, en quête d’un mauvais coup, errait par les rues de Saint Outrille. Les habitants le reconnurent et chacun de s’armer aussitôt, qui de sa fourche, qui de sa pioche, pour s’élancer à sa suite ... mais en vain. Les ménagères, alertées par le bruit et les vociférations, eurent vite fait de prendre leurs balais et de bondir à leur tour. Le diable, se voyant cette fois en mauvaise posture, s’engouffra dans l’église, grimpa sur le clocher, si vite que sa queue s’entortilla autour ... et il en resta tordu !

Source : Graçay de nos ancêtres par Suzanne Aléon